Identité numèrique : armès ou artistes ?

https://openclipart.org/
Ma synthèse d'une discussion très riche entre Emilie Ogez, Carole Fabre, Christophe Deschamps, Olivier Auber et moi même sur twitter

La question initiale porte sur l'impact d'une normalisation de l'identité numérique : normaliser l'identité numérique, n'est-ce pas un pas vers sa perte ?

Normaliser l'identité numérique c'est faire d'une singularité une norme...le gros avantage technologique c'est que c'est beaucoup plus facile à traiter par les machines...le problème est ailleurs...il est d'ordre humain car l'image de cette identité cadrée impacte et formate nos comportements et nos vies...La normalisation par l’identité numérique fabrique et prépare ses futurs acteurs en quelque sorte !

Dans ce contexte, il parait anormal et suspect d'afficher un désir d'une e-identité non contrainte par la pression d'un quelconque standard social...Ce NON à la normalisation semble pourtant relever d'un point de vue mature et critique quel que soit le profil des acteurs considérés...

Le contexte de crise et la peur qu'il génère sont des arguments faciles et commodes pour imposer la normalisation de façon arbitraire...et bons nombre de professionnels se coulent dans cette tendance avec le sentiment du devoir citoyen, formation à l'appui...gestion/maitrise de l'identité numérique, selfbranding...etc...Il faut ARMER les gens pour leur BIEN !

Or l'enjeu de toute cette agitation est avant tout un enjeu de marketing : il s'agit de normaliser l'identité numérique pour en faire un outil au service du commerce...l'homme devient un objet, un produit...sa vie devient un objet, un produit et il est sommé de se soumettre à cette "réalité": Le standard de l'identité numérique ou la mort ????

La troisième voie est sans doute celle de l'ART...L'esthétisme de nos vies ne peut relever d'une norme et appartient à chacun : ça n'est pas à vendre ! http://florencemeichel.blogspot.co.uk/2008/11/lidentit-numrique-temporelle.html

Commentaires

Anonyme a dit…
Tout est déjà dans la Déclaration des Droits de l'Homme: beaucoup d' idées que l'on est bien en peine de mettre en pratique...

Cependant, il me semble qu'à la lumière du développement des réseaux et des codes qui y prolifèrent, on ne pourra pas faire l'économie de réviser l'Article III, le plus fondamental, à tout le moins de lui
donner une nouvelle portée.

Article III: Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

Considérant comme Lessig que le code est devenu un discours
performatif qui matérialise une loi.
Considérant selon mes termes, chaque code comme un "code de fuite" d'une "perspective numérique" installant un "régime de légitimité" qui lui est propre.
Considérant qu'il existe un isomophisme entre les systèmes de création et d'échange de valeurs et les systèmes d'adressage et donc les codes qui les implémentent.

Il m'apparaît que cet article III ne peut se traduire pratiquement que par la mise en place d'un "droit à l'existence" fondé sur un code de fuite particulier et transcendant tous les autres, établissant une "perspective numérique" couplée avec un système de création de valeur garantissant effectivement ce droit inconditionnel.

Ce "droit à l'existence" ne peut donc être effectif que dans la mesure où est mis en place un "revenu d'existence" (ou revenu universel) attribué directement de manière inconditionnelle à chaque individu tout au long de sa vie, pourvu bien entendu que les individus puissent attester de leur existence effective, c'est à dire de leur identité et de leur intégrité en tant qu'être vivant indépendamment de toute forme
d'activité.

Pour en arriver là, il va falloir s'attaquer à une montagne, à savoir remettre en cause la doxa qui pèse sur nous depuis la sortie du jardin d'Eden, à savoir celle du travail, de la sueur et du labeur que nous nous imposons pour gagner notre vie, faute de quoi
seuls les hommes-machines survivront.

C'est une sorte de point aveugle, une idée que l'on ne se s'autorise
pas (pas encore), y-compris ceux qui font profession de penser la
crise, Jacques Attali par exemple.
Cf. son papier dans slate
http://tinyurl.com/cb234k
"On ne peut avoir une globalisation du marché, sans globalisation de l'état de droit."

Qu'est-ce qui pourrait fonder la légitimité de l'état de droit en
question si ce n'est le droit inconditionnel à l'existence de tous et de chacun?
Anonyme a dit…
Bonjour Florence,

Je continue à ne pas être d'accord avec ton analyse. Cela me semble extrêmement réducteur de dire que le concept d'identité numérique est uniquement marketing.
Bien sûr qu'il l'est devenu, comme chaque nouveau concept qui émerge dans cette société de consommation. Il n'est simplement pas que cela.
#TrancheDeVie1
Lorsque par exemple je reçois (hier) des remerciements des étudiants que j'ai sur Poitiers pour les avoir amené à créer des blogs qui les ont finalement fait reconnaître (proposition de conférences, stages,...), je suis le plus heureux des enseignants car j'ai l'impression d'avoir effectué quelquechose de vraiment utile qui est presque de l'ordre de la mission, pas d'avoir pris le prétexte de la crise pour leur vendre un concept (surtout qu'avec ce que paient les facs françaises ce ne serait pas bien malin :-)
Bien sûr l'enseignement n'a pas pour seul objectif d'aider les étudiants à trouver un emploi ou un stage, mais il y a des enseignants qui se chargent parfaitement des apports théoriques leur permettant de mieux appréhender le domaine d'activité dans lequel ils veulent travailler, de leur donner les bases sur lesquelles ils peuvent développer du neuf, créer, innover. Et il y en a qui sont plus terre-à-terre et je me considère comme l'un d'eux parce que c'est aussi utile :-)
Cela fait 4 ans que j'intègre dans mes cours des notions de "personal knowledge management" et de "personal branding" et il semble que cela commence à porter ses fruits. Comme dirait l'autre, pourvu que ça dure .
Je comprends ton léger sentiment de dégoût, moi aussi je le ressens de temps à autres, lorsque je vois fleurir les offres pour des trucs en "ing". Je crois pouvoir dire que j'ai été l'un des premiers non-chercheur (je précise car eux en parlaient depuis 6-8 ans déjà)à parler de "L'indispensable gestion de la réputation numérique" sur le web francophone (février 2006 : http://bit.ly/O7AbC). Je n'ai pas tenté d'en tirer profit (à tort?) d'autres l'ont fait et pourquoi pas, c'est le jeu, et puis le sujet était dans l'air et cela arrange finalement tout le monde. Pourquoi refuser le service proposé/vendu par un autre s'il vous est utile, c'est le principe de l'échange marchand sur lequel repose notre société, non (cf. Braudel)? C'est aussi ce que nous acceptons tous en utilisant les services proposés par Google (ou d'autres) à longueur de journée. Utile pour nous, juteux pour eux...
Et puis j'aurai aussi tendance à dire, sans nuance certes, qu'à partir du moment ou l'on s'expose en ligne c'est que l'on a quelquechose à vendre. Oui, oui je sais, personne n'envisage(ait) vraiment les choses comme cela au départ.
#TrancheDeVie2
Je n'ai pas lancé Outils Froids en juillet 2003 en pensant que j'allais "faire de l'argent avec", même si je l'envisageai déjà comme une vitrine de mes compétences. Et pourtant dès octobre l'on commençait à me contacter pour des interventions ici et là, des piges,... Aurais-je dû refuser par principe? Pas par principe de réalité en tout cas, ce même principe qui va méchamment nous rattraper dans les mois qui viennent, qui a déjà commencé en fait : http://bit.ly/BF7Do

Bonne journée
Meichelf a dit…
Jolie conversation : merci à tous les deux pour le temps et les idées que vous lui avez consacré.

Je rebondis sur cette idée de principe Christophe et je me dis que celui que nous devrions privilégier concerne la dimension durable de nos vies...

je comprends les urgences...je crois qu'elles sont à peu près les mêmes pour les uns et les autres...et Olivier apporte un début de réponse a minima!

Maintenant, au nom du très court terme, est-ce qu'on a pas laissé dériver beaucoup trop de choses à un point d'auto-destruction ?

est-ce qu'il est par urgent de questionner non seulement les dérives mais aussi les processus qui nous ont conduits là !

Chaque crise est plus grave : où est-ce qu'on va comme ça ? Quel avenir pour nos enfants ?

Je me dis qu'il est encore temps de se poser les bonnes questions : ai-je tort ?