Erreur : quand tout est rouge !

Blogue du RAEQ - Le français m'a tuer... avant qu'un prof génial ne me ressuscite:

"Un instituteur génial eut un jour l'idée de souligner en rouge tout ce qui était correct dans les copies de ses élèves, interrompant le trait pour marquer une erreur. Le but du 'jeu' était d'avoir son jeu entièrement strié de rouge. Le résultat ne se fit pas attendre: il avait renversé la vapeur et ses élèves arboraient fièrement leur cahiers rougeoyants!"

Joli exemple d'approche pédagogique paradoxale ! Ne pas abuser tout de même de ce genre d'approche sous peine d'accoutumance ou de résistance : c'est le décadrage surprise qui joue le rôle de déclencheur, après il faut construire !

Commentaires

Anonyme a dit…
Ah... Florence, j'aime cette "pédagogie buissonnière".

J'ai lu cet été le dernier Alexandre Jardin (Chaque femme est un roman - Grasset 2008). Il y parle de plusieurs profs qui l'ont marqué. Des perles.

Celle qui correspond le mieux à ton texte est Mme Folichet. Il en dit ceci :

P 113-114 : Les contre-dictées de Mme Folichet

En septième (CM2), la providence m’avait placé en face d’une maîtresse faiblement acclimatée aux méthodes d’enseignement classiques. J’aimais ses seins laiteux excessifs, la translucidité inespérée de ses robes soyeuses et son zozotement doublé d’un fort bégaiement. En une seule année, Mme Folichet redressa mon orthographe comique sans exiger davantage de travail. C’est elle qui m’installa dans une délicieuse estime de moi-même : alors même qu’elle ne brillait pas particulièrement par ses qualités pédagogiques. Le personnage semblait même un peu fade, sans musique intérieure, quasi atonal. Après les premières semaines, le temps de mesurer l’ampleur de nos lacunes, elle nous tint ce discours :

- Dé-désormais, vous su-su-birez deux ffois la même dictée. La p-p-première fois, je vous de-de-demanderai de faire le plus grand nombre possible de fautes d’orthographe, de conjugaison et de grammaire. La deu-deuxième fois, vous en ferez le moins possi-ssible.

Contre toute attente, c’est en cherchant à faire beaucoup de fautes que j’appris à en faire moins. Et c’est une bègue qui me sauva de ma dysorthographie. La méthode des contre-dictées vint à bout de mes déficiences. Pour commettre des erreurs, il faut s’interroger sur la règle donc la manipuler et pratiquer, d’une certaine façon, une vigilance grammaticale. Qui a dit que c’est en cherchant à rejoindre un but qu’on l’atteint effectivement ? Qui a dit que les stratégies directes étaient les plus pertinentes ?

Si tu le désires, j'ai d'autres citations de représentantes de cette pédagogie à l'envers... Je peux te les copier/coller... sans que Jardin s'en offusque... tant il s'agit de bons extraits pour populariser sa prose... (du moins auprès d'enseignants désireux de revisiter les paradigmes d'antan).
Florence Meichel a dit…
Merci Michel pour ce passage plein de poésie et de...contre-vérités ! :-)