Les mobiles des adolescents : prémices de l'informatique ambiante ?
Les mobiles des adolescents, ou les prémices de l’informatique ambiante InternetActu.net
Je vous conseille de lire cette synthèse de l’observation ethnographique menée auprès d’adolescents par le Groupe de recherches interdisciplinaires sur les processus d’information et de communication (Gripic, le Groupe de recherche de l’Ecole des hautes études en science de l’information et de la communication, le Celsa) pour le compte de l’Association française des opérateurs mobiles (Afom).
je retiens quelques idées clefs au travers de ces extraits :
- Mobile et apprentissage en actes : un outil pour apprendre à apprendre
"Si les pratiques des jeunes paraissent plus fluides aux adultes, c’est moins en raison de leur expertise que parce qu’ils entretiennent une relation dédramatisée avec les objets de technologie. Ce qui départage les “technophiles” de ceux qui ne le sont pas, c’est moins l’évidence de l’accès au dispositif ou les compétences techniques que la façon de vivre les échecs ou les petites défaillances techniques."
Avant, il fallait apprendre. Aujourd’hui, il faut expérimenter. L’usage ne vient plus à la suite d’un apprentissage, il lui est consubstantiel.
- Pratiques d’"échangisme mobile » : "l’objet étant aujourd’hui prêté, « taxé », « exhibé » ou visité, son contenu montré, envoyé et raconté”. On trouve ainsi des “« banquiers », « taxeurs », « exhibitionnistes » et « voyeurs »” qui monnaient ou non, partagent ou au contraire protègent, exhibent fièrement ou gardent jalousement leurs mobiles."
- Mobile et collaboration : "le mobile ne serait plus “l’emblème de la société individualiste et atomisée : on observe en réalité des comportements collectifs et collaboratifs” permettant, à l’image de la décentralisation de la Toile, la constitution de “groupes aux frontières floues (…) : il n’y a rarement qu’un seul centre, mais plutôt une pluralité de noyaux autour desquels se produisent les évènements de la sociabilité adolescente".
- Régulation des mobiles à l’école
" il arrive fréquemment que le responsable de la “blague” ne soit pas épinglé, au contraire du propriétaire du mobile utilisé, ce qui rend les confiscations problématiques. Sans parler des cas où c’est le portable du professeur qui se met à sonner en plein milieu de la classe… Une mésaventure narrée par Vincent Robert, un enseignant-blogueur, qui consacre un long billet très intéressant aux problèmes soulevés par l’interdiction des portables en classe.
Certaines anecdotes sont dramatiques (tel ce chantage au suicide émanant d’une adolescente qui avait besoin de son portable parce qu’elle se préparait à fuguer), ou posent des questions quasi existentielles : peut-on, ou non, intimer à un élève dont un proche parent est à l’article de la mort d’attendre les intercours pour avoir de ses nouvelles ?
D’autres questions sont plus pratiques : faut-il confisquer le téléphone lui-même, ou bien la carte SIM, l’objet et sa mémoire, ou bien le carnet d’adresse avec son forfait ? Et quid du téléphone portable confisqué qui s’avère être le mobile professionnel des parents de l’élève fautif ?
En commentaire, un élève à qui le portable avait été confisqué raconte pour sa part comment il revint voir son professeur avec un texte officiel rappelant que seul un juge d’instruction a le droit de confisquer un portable pendant plus de 24 heures…"
- Mobile : un objet vecteur de culture "lors d’un récent colloque de l’Afom, le philosophe François Ewald comparait le mobile à “un des lointains successeurs de la pierre taillée, un de ces outils amovibles qui font l’humanité de l’homme”. La différence, peut-être, c’est que ce sont aujourd’hui les adolescents, et non les adultes, qui s’en servent le plus, et le mieux. Et qu’il faudrait donc peut-être commencer à regarder ce qu’ils en font, afin de faire de sorte que, dans l’informatique omniprésente que l’on nous promet, la réalité soit réellement augmentée, et pas diminuée."
Je vous conseille de lire cette synthèse de l’observation ethnographique menée auprès d’adolescents par le Groupe de recherches interdisciplinaires sur les processus d’information et de communication (Gripic, le Groupe de recherche de l’Ecole des hautes études en science de l’information et de la communication, le Celsa) pour le compte de l’Association française des opérateurs mobiles (Afom).
je retiens quelques idées clefs au travers de ces extraits :
- Mobile et apprentissage en actes : un outil pour apprendre à apprendre
"Si les pratiques des jeunes paraissent plus fluides aux adultes, c’est moins en raison de leur expertise que parce qu’ils entretiennent une relation dédramatisée avec les objets de technologie. Ce qui départage les “technophiles” de ceux qui ne le sont pas, c’est moins l’évidence de l’accès au dispositif ou les compétences techniques que la façon de vivre les échecs ou les petites défaillances techniques."
Avant, il fallait apprendre. Aujourd’hui, il faut expérimenter. L’usage ne vient plus à la suite d’un apprentissage, il lui est consubstantiel.
- Pratiques d’"échangisme mobile » : "l’objet étant aujourd’hui prêté, « taxé », « exhibé » ou visité, son contenu montré, envoyé et raconté”. On trouve ainsi des “« banquiers », « taxeurs », « exhibitionnistes » et « voyeurs »” qui monnaient ou non, partagent ou au contraire protègent, exhibent fièrement ou gardent jalousement leurs mobiles."
- Mobile et collaboration : "le mobile ne serait plus “l’emblème de la société individualiste et atomisée : on observe en réalité des comportements collectifs et collaboratifs” permettant, à l’image de la décentralisation de la Toile, la constitution de “groupes aux frontières floues (…) : il n’y a rarement qu’un seul centre, mais plutôt une pluralité de noyaux autour desquels se produisent les évènements de la sociabilité adolescente".
- Régulation des mobiles à l’école
" il arrive fréquemment que le responsable de la “blague” ne soit pas épinglé, au contraire du propriétaire du mobile utilisé, ce qui rend les confiscations problématiques. Sans parler des cas où c’est le portable du professeur qui se met à sonner en plein milieu de la classe… Une mésaventure narrée par Vincent Robert, un enseignant-blogueur, qui consacre un long billet très intéressant aux problèmes soulevés par l’interdiction des portables en classe.
Certaines anecdotes sont dramatiques (tel ce chantage au suicide émanant d’une adolescente qui avait besoin de son portable parce qu’elle se préparait à fuguer), ou posent des questions quasi existentielles : peut-on, ou non, intimer à un élève dont un proche parent est à l’article de la mort d’attendre les intercours pour avoir de ses nouvelles ?
D’autres questions sont plus pratiques : faut-il confisquer le téléphone lui-même, ou bien la carte SIM, l’objet et sa mémoire, ou bien le carnet d’adresse avec son forfait ? Et quid du téléphone portable confisqué qui s’avère être le mobile professionnel des parents de l’élève fautif ?
En commentaire, un élève à qui le portable avait été confisqué raconte pour sa part comment il revint voir son professeur avec un texte officiel rappelant que seul un juge d’instruction a le droit de confisquer un portable pendant plus de 24 heures…"
- Mobile : un objet vecteur de culture "lors d’un récent colloque de l’Afom, le philosophe François Ewald comparait le mobile à “un des lointains successeurs de la pierre taillée, un de ces outils amovibles qui font l’humanité de l’homme”. La différence, peut-être, c’est que ce sont aujourd’hui les adolescents, et non les adultes, qui s’en servent le plus, et le mieux. Et qu’il faudrait donc peut-être commencer à regarder ce qu’ils en font, afin de faire de sorte que, dans l’informatique omniprésente que l’on nous promet, la réalité soit réellement augmentée, et pas diminuée."
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