Penser l'ontologie du devenir
Quelques points de repères que je partage avec vous !
A découvrir :
les podcast dédiés à la philosophie du collège de France et notamment les cours de Anne Fagot Largeault
J’ai retenu :
Le devenir impensable : un problème aussi vieux que la philosophie (19-02-2007)
Solutions philosophiques pour échapper au mobilisme, dans la tradition occidentale
On stabilise une réalité sensible fuyante et dispersée, ou bien en s'élevant du sensible à l'intelligible (la matière change, les formes demeurent: ex. ‘lois’ de la nature), ou bien en réduisant le changement à des assemblages et réarrangements d'éléments matériels eux-mêmes inaltérables (les formes changent, la matière demeure: ex. atomes). Troisième voie_: poser que l'espace-temps est une caractéristique de l'appareil cognitif du sujet connaissant, et non pas des objets de la connaissance.
Alquié argumente qu'il faut ‘tourner le dos à l'éternel’ comme on tourne le dos à l'enfance, et accepter la ‘passion première’ du temps, en laissant le devenir ouvert.
Etre vivant, être en devenir (19-2-2007)
D'une ontologie substantielle vers une ontologie relationnelle!?
Anticipant la définition du vivant comme ‘système ouvert’, ou emboîtement hiérarchisé de systèmes ouverts, Comte généralise ce que Bichat donnait pour caractéristique de la vie ‘animale’: être vivant, c'est échanger avec son milieu. Il s'avère qu'à tous les niveaux (ex. cellules souches, développement embryonnaire, construction du système immunitaire, élaboration de l'architecture et du fonctionnement cérébral) on retrouve ce schéma d'un développement interactif, qui enracine l'identité individuelle, moins dans un donné substantiel (matière ou forme), que dans la continuité d'une histoire.
Venir à être, cesser d'être (22-2-2007)
D'un certain point de vue l'entité actuelle résulte des influences multiples qui s'objectivent (i.e. se survivent) en elle, d'un autre point de vue en les faisant passer de leur pluralité disjonctive à une unité conjonctive, modulée par référence à des idéaux (potentialités auxquelles elle aspire, ex. ajustements esthétiques), elle se crée comme être nouveau, dans les limites de ce que permet le réseau (nexus) où elle s'insère. Le schème cosmologique vise à expliquer l'émergence, au sein du devenir, de divers types d'ordre plus ou moins solidaires (‘entités durables’, réseaux, sociétés):
l'univers ‘solidaire’ se crée lui-même, dans une négociation toujours précaire entre l'ennui de l'uniformité et la crainte du nouveau.
Concrescence, individuation : la notion de processus (21-2-2007)
L'être en acte de Whitehead (actual entity) est un processus singulier d'auto-création; l'individu qui perdure (enduring object) se résout en une série d'actes (serial ordering) dont la continuité (genetic relatedness) est à construire.
«_la réalité individuelle est non seulement ambivalente, mais faite d'une dualité interne qui institue en elle une
relation essentielle: à chacun des points de vue d'où l'on peut le saisir, l'individu est fait de la relation de deux aspects: ontogénétique et phylogénétique, intériorité et extériorité, substantialité et caractère événementiel, liberté et déterminisme, aséité et participation, instinctivité profonde et rationalité hyperconsciente. Cette dualité ambivalente pourrait être dite: nature problématique ou autoproblématique de l'individu: l'individu ne rencontre pas de difficulté, il est à lui-même difficulté; il se met en question et est son propre problème; il se rencontre sur son propre chemin [...] Il n'y a ni un ni deux termes, mais un terme en train de se dédoubler et deux termes en train de s'unifier. L'individu est permanente relation d'unité et de dualité.
L'individualité de l'individu est précisément transindividuelle, car l'individu affirme son individualité en opposant son action à sa substantialité (sacrifice, sympathie)..._»
«_L'individu n'est pas un être mais un acte, et l'être est individu comme agent de cet acte d'individuation par lequel il se manifeste et existe. L'individualité est un aspect de la génération, s'explique par la genèse d'un être et consiste en la perpétuation de cette genèse; l'individu est ce qui a été individué et continue à s'individuer; il est relation transductive..._» (IGPB, II, 2, p. 197; 2005, ).
«_Concevoir l'individuation comme opération, et comme opération de communication, donc comme opération première, c'est accepter un certain nombre de postulats ontologiques; c'est aussi découvrir le fondement d'une normativité, car l'individu n'est pas la seule réalité, l'unique modèle de l'être, mais seulement une phase. Cependant, il est plus qu'une partie d'un tout, puisqu'il est le germe d'une totalité_» (IGPB, Concl., p. 267; 2005, p. 317).
Remarques :
A découvrir :
les podcast dédiés à la philosophie du collège de France et notamment les cours de Anne Fagot Largeault
J’ai retenu :
Le devenir impensable : un problème aussi vieux que la philosophie (19-02-2007)
Solutions philosophiques pour échapper au mobilisme, dans la tradition occidentale
On stabilise une réalité sensible fuyante et dispersée, ou bien en s'élevant du sensible à l'intelligible (la matière change, les formes demeurent: ex. ‘lois’ de la nature), ou bien en réduisant le changement à des assemblages et réarrangements d'éléments matériels eux-mêmes inaltérables (les formes changent, la matière demeure: ex. atomes). Troisième voie_: poser que l'espace-temps est une caractéristique de l'appareil cognitif du sujet connaissant, et non pas des objets de la connaissance.
Alquié argumente qu'il faut ‘tourner le dos à l'éternel’ comme on tourne le dos à l'enfance, et accepter la ‘passion première’ du temps, en laissant le devenir ouvert.
Etre vivant, être en devenir (19-2-2007)
D'une ontologie substantielle vers une ontologie relationnelle!?
Anticipant la définition du vivant comme ‘système ouvert’, ou emboîtement hiérarchisé de systèmes ouverts, Comte généralise ce que Bichat donnait pour caractéristique de la vie ‘animale’: être vivant, c'est échanger avec son milieu. Il s'avère qu'à tous les niveaux (ex. cellules souches, développement embryonnaire, construction du système immunitaire, élaboration de l'architecture et du fonctionnement cérébral) on retrouve ce schéma d'un développement interactif, qui enracine l'identité individuelle, moins dans un donné substantiel (matière ou forme), que dans la continuité d'une histoire.
Venir à être, cesser d'être (22-2-2007)
D'un certain point de vue l'entité actuelle résulte des influences multiples qui s'objectivent (i.e. se survivent) en elle, d'un autre point de vue en les faisant passer de leur pluralité disjonctive à une unité conjonctive, modulée par référence à des idéaux (potentialités auxquelles elle aspire, ex. ajustements esthétiques), elle se crée comme être nouveau, dans les limites de ce que permet le réseau (nexus) où elle s'insère. Le schème cosmologique vise à expliquer l'émergence, au sein du devenir, de divers types d'ordre plus ou moins solidaires (‘entités durables’, réseaux, sociétés):
l'univers ‘solidaire’ se crée lui-même, dans une négociation toujours précaire entre l'ennui de l'uniformité et la crainte du nouveau.
Concrescence, individuation : la notion de processus (21-2-2007)
L'être en acte de Whitehead (actual entity) est un processus singulier d'auto-création; l'individu qui perdure (enduring object) se résout en une série d'actes (serial ordering) dont la continuité (genetic relatedness) est à construire.
«_la réalité individuelle est non seulement ambivalente, mais faite d'une dualité interne qui institue en elle une
relation essentielle: à chacun des points de vue d'où l'on peut le saisir, l'individu est fait de la relation de deux aspects: ontogénétique et phylogénétique, intériorité et extériorité, substantialité et caractère événementiel, liberté et déterminisme, aséité et participation, instinctivité profonde et rationalité hyperconsciente. Cette dualité ambivalente pourrait être dite: nature problématique ou autoproblématique de l'individu: l'individu ne rencontre pas de difficulté, il est à lui-même difficulté; il se met en question et est son propre problème; il se rencontre sur son propre chemin [...] Il n'y a ni un ni deux termes, mais un terme en train de se dédoubler et deux termes en train de s'unifier. L'individu est permanente relation d'unité et de dualité.
L'individualité de l'individu est précisément transindividuelle, car l'individu affirme son individualité en opposant son action à sa substantialité (sacrifice, sympathie)..._»
«_L'individu n'est pas un être mais un acte, et l'être est individu comme agent de cet acte d'individuation par lequel il se manifeste et existe. L'individualité est un aspect de la génération, s'explique par la genèse d'un être et consiste en la perpétuation de cette genèse; l'individu est ce qui a été individué et continue à s'individuer; il est relation transductive..._» (IGPB, II, 2, p. 197; 2005, ).
«_Concevoir l'individuation comme opération, et comme opération de communication, donc comme opération première, c'est accepter un certain nombre de postulats ontologiques; c'est aussi découvrir le fondement d'une normativité, car l'individu n'est pas la seule réalité, l'unique modèle de l'être, mais seulement une phase. Cependant, il est plus qu'une partie d'un tout, puisqu'il est le germe d'une totalité_» (IGPB, Concl., p. 267; 2005, p. 317).
Remarques :
J'avais posé là, en fin de billet, le morceau de musique intitulé Divenire de Ludovico Einaudi - La vidéo initiale n'est plus accessible (23/08/2022).
Les liens initiaux ne semblent plus fonctionnels mais les cours d'Anne Fagot Largeault sont accessibles ici https://www.college-de-france.fr/site/anne-fagot-largeault/_course.htm , plus précisément ceux-là https://www.college-de-france.fr/site/anne-fagot-largeault/course-2006-2007.htm (24/08/2022)
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